ASSOCIATION pour la DÉFENSE du PATRIMOINE COMMUNAL du pays d'Annot (04240)




À partir de 1652, l’église d’Annot, sous le vocable de Saint Pons depuis son origine au XIIème siècle, les annotains souhaitèrent que le saint patron de la communauté religieuse soit Saint Jean, qui était déjà patron d’Entrevaux et de Colmars et ce depuis fort longtemps.

Vingt cinq années de "cohabitation" souvent querelleuse de la part de la jeunesse de ces trois communautés, qui n’imaginait même pas de partager ce saint tellement on l’aimait. Pensez donc, le cousin du christ et de plus celui qui le baptisa dans le Jourdain !

Lors des festivités du 24 juin, des délégations musclées se déplaçaient d’un village à l’autre et tout cela finissait en pugilat ! Dès le lendemain, des plaintes partaient auprès des divers juges et à l’évêché de Glandèves pour dénoncer la jeunesse de ces trois communautés et leurs méfaits respectifs.

En 1675, suite à ces regrettables événements, le Conseil de la Communauté d’Anot sollicita du souverain Pontife, des reliques d’un autre saint, qui seraient destinées à être honorées par de grandes fêtes religieuses ! Peu importait le nom du saint et son origine ! On ferait confiance au Pape.

Il serait rapidement provençalisé et pour peu serait né à Vers-la-Ville ! Le principal était d’arrêter les échauffourées entre ces villages voisins ! Après l’accord de l’évêque de Glandèves, ravi d’apaiser enfin ces querelles de clochers, Anot reçut bientôt, en grandes pompes, venant de Rome par calèche accompagnée de quatre gardes suisses en armes, les reliques de quatre saints :

1/ Saint Innocent, premier pape de ce nom entre le 22 décembre 401 et le 12 mars 417 ; ce Pape avait négocié la paix entre l’empire romain et les Goths d’Alaric. C’est dire si à Anot, son influence serait capitale pour rétablir la paix entre Colmars, Entrevaux et Anot.

2/ Saint Sécure, très obscur qui ne figure pas à la liste officielle des Saints !
3/ Saint Prosper, grand philosophe et docteur de l’église, il vécut longtemps à Marseille, comme moine. Pour Rome, Anot n’était pas très loin de Marseille.

4/ Enfin, Saint Fortunat diacre (Il mourut décapité en 212) envoyé vers l’an 200, par l’évêque de Lyon pour évangéliser Valence et toute sa région. Pour Rome, Valence n’est pas si loin d’Anot et Saint Fortunat aurait aussi pu nous évangéliser !

À la stupéfaction de notre communauté, qui recevait quatre reliques pour le prix d’une, dont celles d’un Pape…

En 1675, pour le lundi de la Pentecôte, eut lieu la première procession des "corps saints". Mais le lendemain, il fallait choisir entre ces quatre saints !

Si beaucoup penchaient pour l’ancien Pape, les anotains adoptèrent Saint Fortunat sans doute charmés par l’étymologie de ce nom d’origine latine : "chance".

Il fut décidé à Anot qu’il serait fêté pour le dimanche de la Pentecôte et que pour la communauté, en plus du dimanche et du lundi, le mardi serait férié.

En effet, les annotains ne travailleraient pas le mardi et assisteraient à la messe à la chapelle de Vers-la-Ville ensuite danseraient sur le parvis de cette chapelle et mangeraient l’aïoli sur la place du village (ce qui est toujours d’actualité).

NB: Cependant jusqu’à l’orée du XXème siècle, les annotains vénèreraient toujours Saint Jean, notamment dans les processions, mais toujours en cachette des entrevalais !    

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